Depuis notre siècle, n'avez-vous pas remarqué dans vos jardins ou campagnes que les abeilles deviennent presque absentes ? Que les bourdonnements sont presque inexistants ?
Si tel est le cas, cela est lié à la qualité de vie sur notre planète qui s'est considérablement détériorée avec l'augmentation de l'activité humaine depuis le XXe siècle.
Le déclin alarmant des pollinisateurs
Ces dernières années, de nombreuses études ont été menées pour déterminer l'état de santé de la biodiversité sur notre grosse boule bleue, la Terre, et il semblerait que des mesures doivent être prises pour éviter la disparition de nombreux organismes vivants dont les insectes pollinisateurs.
Ainsi, selon des articles de l'INRAE, depuis 1990, les populations d'abeilles domestiques ont subi de nombreuses pertes. Atteignant parfois les 30% de disparition par année pour les colonies. Ce qui est toutefois moins que pour les pollinisateurs sauvages où 30 % des espèces sont en déclin et 9 % qui sont en voie d'extinction.
Une hécatombe inquiétante au regard du rôle indispensable joué par ces précieux insectes.
Car oui, malgré leur petite taille, ces êtres vivants, aussi étranges et étonnants soient-ils, jouent un rôle primordial dans la biodiversité. Notamment par leur alimentation en nectar et pollen, qui permettent involontairement, par exemple avec seulement les abeilles, de polliniser plus de 80 % des espèces végétales sauvages et 75 % des plantes que nous cultivons.
Il est ainsi facile de conclure que le déclin des abeilles, et plus largement des pollinisateurs, pourrait donc potentiellement conduire à la disparition progressive de la faune et de la flore qui leur sont associées. Ce qui inclut une partie de nos sources de nourriture.
Pollinisation : Des milliards de petites pattes pour un travail colossal
Quand on parle de pollinisation, on pense surtout à nos petites abeilles, et il est vrai qu'elles sont des expertes dans ce domaine. Cette grande famille de butineuses représentée par pas moins de 20 000 espèces dans le monde (dont un millier vivant actuellement en France) peuvent chacune d'entre elles visiter environ 300 à 700 fleurs par jour !
Une performance olympique qui rend jaloux de nombreux papillons...
Cependant, contrairement aux idées reçues, toutes les abeilles ne sont pas comme la célèbre Apis mellifera, l'abeille domestique. En réalité, la majorité des espèces sont sauvages et parmi elles, nous avons les abeilles tisserandes, les charpentières, les halictes, les mégachiles, les colettes, les bourdons, etc... Elles vivent en solitaire (sauf les bourdons) et ne produisent pas de miel.
Néanmoins, même si elles font le gros du travail, elles ne sont pas les seules à œuvrer dans nos jardins et nos campagnes, de nombreux autres insectes les aident quotidiennement dans cette mission.
Ainsi, parmi ces autres pollinisateurs, nous pouvons compter sur les papillons, les fourmis, les mouches et aussi sur les guêpes qui peuvent également nous protéger des moustiques invasifs.
Il est donc important de conserver tous les pollinisateurs pour d'abord assurer un équilibre dans la biodiversité, mais aussi pour obtenir des récoltes abondantes en fruits et légumes. Car sinon, un jour viendra où nous devrons payer pour des services de pollinisation... Des services rendus aujourd'hui "gratuitement" par les insectes pollinisateurs et qui ont été estimés en 2005 à 153 milliards d'euros dans le monde et à 22 milliards d'euros en Europe par an dans l'agriculture.
Si une telle chose devait arriver, il faudrait sans doute prévoir un budget un peu plus conséquent dans les denrées alimentaires.
Les causes du déclin des abeilles
Les origines de l'effondrement des populations de pollinisateurs sont multiples et leur accumulation a pour effet d'aggraver leurs conséquences, notamment sur l'état de santé de la biodiversité. Car comme mentionné précédemment, les pollinisateurs ont un rôle majeur sur notre grosse boule bleue en contribuant activement à la production de nourriture. Par conséquent, ils font partie des maillons indispensables de la chaîne alimentaire.
Il est donc crucial d'agir rapidement pour préserver ces précieux pollinisateurs des facteurs nuisibles suivants, à savoir :
- La perte d'habitats / de zones mellifères au profit des monocultures et de l'urbanisation.
- La pollution de l'eau et des espaces naturels par les pesticides.
- L'importation accidentelle d'espèces invasives (exemple : le frelon asiatique), de parasites et de maladies.
- Le changement climatique.
Les solutions pour sauver les abeilles
Afin d'aider les populations d'insectes pollinisateurs, il est ainsi nécessaire d'agir directement sur les causes évoquées précédemment. À savoir l'interdiction des pesticides, la transition du monde agricole vers un modèle plus respectueux du vivant, la restauration des habitats et de la diversité végétale dans les zones urbaines et rurales.
Avec cela, il sera alors possible d'accroître les populations et la diversité des espèces de pollinisateurs, une diversité que des scientifiques ont soigneusement étudiée et dont ils ont conclu qu'elle apporterait à l'agriculture des rendements supérieurs de 30 % en moyenne s'il y avait suffisamment d'individus par parcelle.
La préservation des abeilles et des pollinisateurs sauvages pourrait donc être l'une des nécessités aux futurs besoins alimentaires de la population mondiale en 2050, qui devrait atteindre 9,6 milliards d'habitants.
Sources :
- Terre d'abeilles - Disparition des abeilles
- Tautz J., 2009. L’étonnante abeille, Ed. De Boeck
- INRAE - À quoi servent les abeilles ?
- INRAE - Comment sauver les colonies d'abeilles ?
- INRAE - La sécurité alimentaire mondiale impactée par le déficit d’insectes pollinisateurs
- POLLINIS - Les abeilles sauvages et la pollinisation
- Francisco Sánchez-Bayo, Kris A.G. Wyckhuys, Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers, Biological Conservation, Volume 232, 2019, Pages 8-27, ISSN 0006-3207, https://doi.org/10.1016/j.biocon.2019.01.020.(https://www.sciencedirect.com/ science/ article /pii/ S0006320718313636)
- OFB - Office Français de la Biodiversité
- Hallmann CA, Sorg M, Jongejans E, Siepel H, Hofland N, Schwan H, et al. (2017) Plus de 75 % de déclin sur 27 ans de la biomasse totale d'insectes volants dans les aires protégées. PLoS ONE 12(10) : e0185809. https://doi.org/ 10.1371/ journal.pone. 0185809
- ONU - La population mondiale devrait atteindre 9,6 milliards en 2050
1 commentaire
Bravo pour votre article et son design ! Dessinatrice, j’ai réalisé sur ce sujet une série de dessins évoquant, par une suite d’abeilles mortes, la pollution par les substances chimiques et les pesticides utilisés dans l’agriculture. A découvrir : https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html. Mais aussi, en lien direct, une réflexion sur l’utilisation des produits phytosanitaires : https://1011-art.blogspot.com/p/hommage-magritte.html